11/06/2010

Intention en fin de 4ème année

DE NOUVELLES LIBERTÉS POUR LE TEXTE NUMÉRIQUE.

Que ce soit l’année dernière ou les années précédentes, mes préoccupations graphiques personnelles se sont toujours inscrites au service de la narration et de la lecture sur internet. Mon DNAP avait été l’occasion de mieux comprendre la notion de narrativité, que René Audet défini comme le « sentiment » de narration naissant d’un évènement.

Après avoir exploité sur internet la bande dessinée et le gif animé, j’ai travaillé cette année avec le texte. La lettre et l’image de Robert Massin et La naissance de l’écriture « du cunéiforme à l’alphabet » m’ont permis de mieux comprendre la relation « génétique » qu’entretiens la lettre avec le signe iconique (l’écriture fut d’abord pictographique puisque des figures représentatives et stylisées se trouvent à la base des premiers systèmes de communication graphique).
Plus encore, j’ai été surpris de voir à quel point, les mots servaient de territoires à des entités métaphysiques (par exemple certains hiéroglyphes étaient sensé libérer des forces magiques) ou étaient considérés comme des traces du divin censées éclairer l’humanité (enluminures, livre de Kells). Le mystère des mots était tel, qu’essayer de les illustrer fut pendant très longtemps considéré comme un sacrilège. L’Islam proscrivant la représentation, les Arabes eurent l’idée de contourner cet interdit en donnant au texte écrit une dimension décorative ou illustrative de son propre contenu. Les micrographies hébraïques sont un exemple fort de l’écriture s’illustrant d’elle même pour contourner les interdits portés sur les images.
Essayer de retrouver dans la trace désincarnée des lettres une représentation concrète de l’objet qu’elles nomment a toujours été un but illusoire source d’inventions visuelles surprenantes.
Les calligrammes d’Apollinaire montrent bien cette quête d’un texte « vivant », qui modifie notre rapport à la lecture en rajoutant du sens et de l’émotion.

Micrographie hébraïque
Un texte «vivant»

M’inscrivant en filiation de ces textes-image, je prolonge l’idée du calligramme dans le temps, en donnant au texte une forme de comportement.
Mais pourquoi chercher à rendre un texte « vivant »?
D’abord parce qu’aujourd’hui c’est possible et que les nouveaux supports de lecture comme l’Ipad sont prêts à augmenter les possibilités propre à l’expérience de lecture.
Ensuite parceque le texte nait d’abord de l’acte d’écrire, un acte exercé par une personne. Le texte à lire est un témoignage de cet instant d’écriture, moment intense de création où tout peut arriver. Il est en quelque sorte le témoignage d’un instant de vie, d’une personnalité. Vouloir donner un comportement au texte n’est donc pas complètement dénué de sens, c’est assumer la filiation du texte à la pensée en mouvement d’un auteur, c’est peut être retrouver sa parole. Donc, plus généralement c’est sans doute essayer de retrouver dans le texte une voix énonçant l’information comme le conteur narre une histoire.
Quand le conteur raconte, il sait à quel rythme et sur quel ton délivrer les informations pour avoir le plus d’impact possible sur son auditoire. Un texte « vivant » saurait donc prendre en main la distribution de ses mots, leurs formes, leurs manières d’apparaitre et de disparaitre.


Un texte «hanté»

En ce qui concerne les mouvements possibles des mots dans l’espace et le temps, j’aime à qualifier le texte de « hanté », car comme tout objet hanté ce texte n’est pas destiné à première vue à s’animer, à être vivant ou à être le lieux d’une apparition. Depuis que l’image a quitté l’écriture et que l’écriture est redevenue écriture à cause de sa laïcisation, le texte est perçu culturellement comme quelque chose de figé et même si l’hypertexte à modifié cette perception, les règles typographiques ne prévoient pas la gestion du mouvement. On admet que les mots s’animent pour un titrage, comme on le voit souvent dans le cinéma ou sur des contenus interactifs, mais très rarement pour le texte lui-même. C’est peut être parce qu’on n’accepte moins la perturbation pendant la lecture d’un texte, or à l’heure d’internet l’expérience de lecture n’a jamais autant été perturbé. Je ne parle pas forcément des publicités animées ou des fenêtres popup intempestives, je pense surtout à l’hypertexte qui nous fait voyager très vite d’un texte à l’autre, si bien que l’on termine rarement la lecture d’un article. Je pense donc que le public est prêt à accepter une certaine perturbation de lecture si cela créé de nouvelles possibilités de découvertes ou de créations.

Vers un nouveau langage

Toute l’année j’ai conçu des réponses formelles, qui bien que modestes, construisent peu à peu un champ opératoire de solutions formelles et sémantiques.
J’ai d’abord repris le concept de gif animé en essayant de créer des lettrines vivantes. J’ai ensuite créé des animations de silhouettes de la taille des caractères pour les faire vivre autour des mots. Je travaille actuellement sur des images en ASCII apparaissant dans le texte. La prochaine étape est d’arriver à faire varier la forme d’un texte en le programmant. En effet cette étape me permettra ensuite de lier le mouvement d’un texte à n’importe quel flux de donnée relatif à son sens.
Je ne me pose pas d’objectifs plus précis pour le moment car l’entreprise technique est déjà suffisamment lourde. Ce champ expérimental me permettra, j’éspère, de trouver des directions de travail inattendues. Je garde en tête l’aspect communautaire du projet final car cette dimension me tiens à cœur. Elle représente à mon sens la principale force d’internet, celle de rassembler les gens.

Références visuelles:

Deux inspiration tirées de CHRONOTEXT, une collection d’applications expérimentales d’Ariel Malka explorant les relations entre le texte l’espace et le temps.
1. The war of the words
2. Topographic text






















1.


















2.





Extrait du livre «A Dictionary Story» de Sam Winston




Pierre Garnier, poème "Pik bou" ("picvert" en picard), Ozieux 1, 1966.
Œuvre issu du mouvement littéraire"le spacialisme" crée dans les années 60 par Pierre Garnier.




BIBLIOGRAPHIE

• La lettre et l’image | Robert Massin.
• La naissance des écritures : du cunéiforme à
l’alphabet | Christiane Zivie-Coche.
• L’illustration histoire d’un Art | Michel Melo.
• Jeux et enjeux de la narrativité dans les
pratiques contemporaines | sous la direction de Claude Romano.
•Texte et hypertexte du voyage à l’errance |
d’Annick Lantennois et Luc Dall’Armellina.

A lire:
• De la simplicité | John Maeda
• Histoire de la lecture | Alberto Manguel
• La galaxie Gutenberg | Marshall McLuhan

WEBOGRAPHIE

• http://www.samwinston.com
• http://chronotext.org
• http://www.worldofawe.net | « World of Awe » carnet interactif sur internet de Yael Kanarek
• http://www.movintext.com | « Movin’Text » histoire cadavre exquis sur internet de Thibault Leporé.
• http://www.hoogerbrugge.com/
http://www.hoogerbrugge.com/nails/
http://www.hoteloscartangoecholima.com/splash.html

EMISSION
• Place de la toile sur france culture


Une première carte mentale

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